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L’art de rendre des comptes

Article original par Nathalie Côté, collaboration spéciale
LA PRESSE+ PORTFOLIO PHILANTHROPIE
14 novembre 2018

 

Les donateurs refusent de signer un chèque les yeux fermés. Ils veulent savoir comment leurs dons seront utilisés et quelle différence fera leur geste. Quelles sont les meilleures stratégies pour les informer ?

 

 

MISER SUR LA TECHNOLOGIE

Consacrer une section de son site web aux retombées et faire partager ses bons coups sur les réseaux sociaux sont des stratégies incontournables. « On ne peut plus se contenter de communiquer avec les donateurs une fois par année », juge Danielle Poulin, fondatrice de Caméo consultation et trésorière de l’Association des professionnels en gestion philanthropique.

Qu’est-ce que les organismes devraient y publier ? « Oubliez les photos de chèques, les donateurs ne veulent pas voir ça », tranche Kim Fuller, fondatrice de Phil Communications. Elle suggère plutôt de diffuser des montages photo, des vidéos du travail de l’organisme, des infographies, etc.

 

TROUVER DES « HÉROS »

Tout le monde aime les bonnes histoires, les donateurs aussi ! « Certaines choses, comme l’amélioration de la qualité de vie, ne se quantifient pas vraiment, note Mme Fuller. C’est donc intéressant de partager les témoignages de bénéficiaires, de montrer comment cela a changé leur vie. » Cela peut aussi être des portraits d’importants donateurs ou de bénévoles.

Pour les dénicher, Mme Poulin recommande de faire appel à tous les intervenants. « Il faut mobiliser toute l’organisation pour chercher les histoires qui illustrent le mieux l’impact de l’organisme dans la vie des gens, indique-t-elle. Les responsables des campagnes de financement sont souvent les plus éloignés de ces histoires. »

 

MONTRER L’EFFET DU DON

Les témoignages montrent l’effet d’un don, mais ce n’est pas le seul moyen. « On devrait prendre le temps de calculer ce qu’un don permet de faire, recommande Mme Fuller. Par exemple, un don de 100 $ permet d’accorder trois heures de répit à un proche aidant. Ça démontre à la personne que son don a un effet, peu importe le montant. »

Mme Poulin note pour sa part que les organismes devraient déterminer leur « intention d’impact » et la communiquer. « Les donateurs ne veulent plus seulement fournir des lits aux itinérants, ils veulent mettre fin à l’itinérance, illustre-t-elle. Ils veulent s’attaquer aux causes et pas seulement aux effets. » La plupart des organismes québécois seraient seulement au début de ce processus, selon elle.

 

ENGAGER LES DONATEURS

Inclure les donateurs dans le processus décisionnel est aussi une bonne façon de communiquer avec eux. « Je recommande souvent de leur demander leur avis pour s’assurer d’être sur la bonne voie, indique Mme Fuller. C’est aussi valorisant pour les donateurs de se prêter à cet exercice. »

L’organisme peut aussi inviter les grands bailleurs de fonds à se joindre au conseil d’administration. « Les donateurs refusent d’être traités comme des guichets automatiques, insiste Mme Poulin. Ce sont des gens intelligents. S’ils ont les moyens de nous soutenir, c’est parce qu’ils ont eu du succès. Il faut profiter de leur expertise. »